mardi 28 novembre 2006

Quand la haine devient mortelle


Un homme est mort en marge d’un match de football opposant le Paris Saint Germain au Hapoël Tel-Aviv. Cela peut paraître surréaliste, aberrant, dingue ou encore incompréhensible, pourtant un tel scénario paraissait inévitable. La haine rodait depuis bien longtemps Porte de Saint Cloud et c’est ce jeudi 23 novembre qu’elle a choisit de se révéler aux yeux de tous lorsqu’ Antoine Granomort a tiré une balle mortelle en direction de Julien Quemener. Un homme est mort, c’est vrai, c’est très grave et les responsables d’un tel drame sont nombreux. Au premier rang, le club et ses dirigeants, dépassés par les agissements ultra violents, racistes et incontrôlables des indépendants de Boulogne. Ces dirigeants qui se sont résigné à cautionner la haine raciale par manque de courage, par lâcheté et dans un souci d’image. Bravo messieurs, aujourd’hui elle est belle l’image de votre club. Au fond, elle n’est que le triste reflet d’un système, d’une époque et d’un sport qui s’est peu à peu dénué de toute valeur humaine. Là ou certains choisissent de tolérer l’intolérable afin d’éviter d’éventuels débordements qui pourraient nuire à leurs intérêts économiques. C’est sur qu’un cadavre sur le dos, cela fait tout de suite moins joli, comme une tâche de réalité sur un tableau si soigneusement entretenu.
Une limite a été franchie quand Julien Quemener s’est écroulé. Enfin officiellement, car en réalité les frontières de l’acceptable ont été forcées depuis longtemps de manière officieuse. La vérité peine à se camoufler derrière la mise en place d’interdictions de stade illusoires. Ces interdictions relèvent d’ailleurs de la plaisanterie dès lors qu’elles ne s’accompagnent pas d’une obligation de pointer dans un commissariat au moment du match. Il faut savoir que la plupart des IDS (interdits de stade) le sont pour introduction de fumigènes. C’est quand même un comble, à croire qu’en 2006, en France, il est plus grave d’allumer une torche que de faire un salut nazi. C’est toute l’ambivalence d’une politique irresponsable menée par le PSG et les institutions françaises depuis des années qui resurgit aujourd’hui. Dans un geste de désaveux, ils ont jeté le boomerang des hooligans au second plan et il leur est revenu couvert de sang.
Il aura donc fallu que quelqu’un décède pour que l’atmosphère détestable, entretenue par les habitués de Boulogne, soit prise au sérieux et révélée au grand jour. Un scénario cauchemardesque face à un public horrifié pour que l’acteur Sarkozy entre en scène. Le ministre de l’Intérieur promet désormais des mesures draconiennes, lui qui se rend régulierment au Parc des Princes depuis des années et en connaît parfaitement la situation. C’est sous le feu des projecteurs qu’il a choisit de lancer son beau discours, comme toujours. En attendant, les xénophobes boulonnais continuent d’agir impunément sous l’œil indifférent des autorités de police. Car les fauteurs de trouble sont tous fichés et identifiés par les RG (renseignements généraux). Reste à savoir pourquoi ils persistent à laisser venir au stade des gens qui confondent match de football et meeting du FN.
Quoi qu’il en soit un homme est mort, et à ce niveau là on ne parle plus de sport. Cela va bien au-delà. Une remise en question totale s’impose à présent. Mais dans l’absolu, il semble urgent de nettoyer en profondeur une tribune qui abrite le racisme et entretient la haine. Une haine qui est devenue mortelle depuis le jeudi 23 novembre 2006.

Alex

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