mercredi 29 novembre 2006

Le Martyr Prodige



Jah Cure est en passe de devenir une icône de la scène reggae, peut être plus encore que les illustres Bob Marley et Peter Tosh. Condamné en 1998 à 15 ans de prison pour viol à l’aide d’une arme, accusation remise en cause par les liens qu’entretenait la mère de la victime et le policier chargé de l’enquête, il se murmure de plus en plus en Jamaïque la prochaine libération du jeune artiste, tout juste 28 ans.

Siccature Alcock de son vrai prénom est un véritable mythe au pays du reggae, et notamment depuis l’envol de sa carrière avec la sortie de son premier album « Free Jah Cure » en 2000. Empreint d’une douleur et d’une tristesse perceptible à sa voix à la fois aigue et profonde, cet album nous transporte aux frontières du Zion, l’élévation suprême dans la culture rastafari. Tout comme son second opus, « Ghetto Life », totalement enregistré dans un studio aménagé à la prison de Kingston. Globalement plus abouti, il connaît un succès sans précédent en Jamaïque, Jah Cure étant même nominé pour l’équivalent des victoires de la musique, version reggae. Le plus surprenant réside peut-être dans le fait du peu de promotion dont il bénéficie au regard de sa notoriété grandissante, tant à l’échelle locale que mondiale.

Pour trouver une explication potentielle à son succès fulgurant, il faut remonter à la genèse, tant sa venue au monde semble perçue comme un don de Jah (figure divine de la culture rasta). Bercé très tôt par les riddims escapistes des « anciens », Bob Marley et Burning Spear pour ne citer qu’eux, Little Melody (son premier nom d’artiste) impressionne son monde dès le plus jeune age. Sa rencontre à l’age de 15 ans avec Capleton et Sizzla à Kingston transforme ses rêves en réalité : les deux « éléphants » du reggae sont époustouflés par le talent divin du jeune artiste. Une étoile est née.

Derrière les barreaux depuis maintenant huit ans, la passion n’a pas quitté Jah Cure. Celle qu’entretien ses fans pour lui non plus. La puissance de ses lyrics et de ses riddims nous plonge dans un univers profond exempt de toute violence « babylonienne », dans lequel l’Homme est réduit à sa simple enveloppe spirituelle. En passe de devenir un véritable martyr au regard de l’injustice dont il a été victime, l’artiste attend impatiemment sa libération pour pouvoir enfin être reconnu à sa juste valeur et se révéler au monde entier. « Jah bless’ him. »

Romain

Aucun commentaire: